L’Église catholique allemande déplore les évêques « complices » pendant la Seconde Guerre mondiale

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« Les évêques ne partageaient peut-être pas les justifications avancées par les nazis pour la guerre, sur une base d’idéologie raciste, mais leurs paroles et leurs actes ont aidé les soldats et le régime dans leur poursuite du conflit, qu’ils menaient avec un dessein supplémentaire. »

La Conférence épiscopale allemande a annoncé lors d’une conférence de presse la publication d’un document intitulé « Évêques allemands pendant la Guerre Mondiale ». Elle a établi qu’en n’opposant pas « un ‘non’ sans équivoque à la guerre mais plutôt en renforçant la volonté de persévérer, les évêques se sont rendus complices de la guerre ».

« Les déclarations des évêques, avec toutes les nuances dues aux personnalités respectives, ont échoué en raison de la réalité de la violence criminelle. Ils sont restés axés sur le changement (illusoire) de comportement des dirigeants politiques, sur le respect des accords juridiques ainsi que sur l’accomplissement vertueux des devoirs des personnes dirigées, donc, dans une certaine mesure, sur une vie juste dans le tort (Adorno). Cela n’a pas rendu justice aux diaboliques enchevêtrements dans les crimes et aux difficultés qui en résultent. De plus, en ne prononçant pas un ‘non’ sans équivoque à la guerre, mais plutôt en renforçant la volonté de persévérer, les évêques se sont rendus complices de la guerre. »

Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Georg Bätzing, déplore que l’attitude des évêques face à la guerre soit trop peu connu. Il va jusqu’à parler de « trou de mémoire, probablement aussi un trou de confession ». Il reconnait aussi que « juger ses prédécesseurs » est un rôle « inconfortable ».

D’après The Times of Israël, le document pointe la présence des prêtres sur le front pour apporter un soutien spirituel aux soldats nazis, les biens immobiliers de l’Église transformés en hôpitaux militaires, et dans lesquelles les religieuses faisaient fonction d’infirmières, mais aussi la demande faite par les évêques aux populations de soutenir le régime nazi pendant la guerre. Le rapport précise :

« Les évêques ne partageaient peut-être pas les justifications avancées par les nazis pour la guerre, sur une base d’idéologie raciste, mais leurs paroles et leurs actes ont aidé les soldats et le régime dans leur poursuite du conflit, qu’ils menaient avec un dessein supplémentaire. »

L’évêque Heiner Wimer de Hildesheim reconnait un défaut dans la prise en compte de « la souffrance des autres », notamment au sujet des « conflits de conscience » rapportés par les soldats. Il parle alors de « comportement ambivalent et partiellement problématique des évêques ».

« En fin de compte, les évêques n’ont trouvé aucun moyen de sortir de la tension qui résultait de l’idée commune de l’obligation patriotique dans la guerre, de la légitimité de l’autorité de l’État, des devoirs d’obéissance qui en résultaient et des crimes évidents. Les normes chrétiennes pour la classification de la guerre ne tenaient évidemment plus. Ainsi, la vue pour les questions des propres soldats et la souffrance des autres restait bloquée. »

Le document relève sept facteurs qui auraient induit le comportement des évêques. Parmi ceux-ci, Vatican News a relevé « les enseignements traditionnels sur la ‘guerre juste’ et la légitimité de l’autorité de l’État », « le rejet fondamental du communisme par l’Église ainsi que la faiblesse institutionnelle de la Conférence épiscopale ».

M.C.

Crédit Image : Everett Historical / Shutterstock.com


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